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LE PARFAIT MARESCHAL.

CHAP.
ⅬⅣ.
De l’effort d’Epaule, de l’écart, ou du Cheval entr’ouvert.


CEt accident estant tres-commun à tous les Chevaux, il est à propos d’en examiner les circonstances, parce que faute d’avoir bien reconnu le mal, & de l’avoir traité methodiquement, on laisse des Chevaux estropiez, qui demeurent inutiles le reste de leurs jours ; pour comprendre ce mal, il faut sçavoir que l’épaule du Cheval, comme des autres animaux à quatre pieds, n’est attachée à son corps par aucun gros os, mais seulement appliquée sur l’extremité des costes, & retenuë en sa juste situation par des ligaments qui l’attachent en cét endroit ; c’est ce qui fait que par un mediocre effort, dans une extraordinaire situation de la jambe à terre, un Cheval peut s’entr’ouvrir, c’est à dire se déjoindre quelque partie de l’épaule d’avec le corps, ce qui ne se peut faire que par une extension des ligaments de l’épaule : Dans toutes les parties qui se mouvent en tous les endroits du corps, il y a certaines eaux glantes ou pituites, qui facilitent le mouvement des jointures. Ces eaux sortent du lieu où elles sont établies par la nature pour faire leurs fonctions, elles se répandent dans les endroits dilatez & ouverts par l’effort de l’épaule, ainsi elles sont hors de leur lieu naturel, & d’abord elles s’y époississent & s’endurcissent, & bien loin de faciliter le mouvement comme auparavant, elles l’empéchent & y causent de la douleur qui fait boitter le Cheval, plus ou moins selon que l’effort est plus ou moins grand ; la douleur peut provenir de l’extension des nerfs, & de ces glaires qui sont augmentées par les humeurs voisines qui se jettent sur la partie malade, & augmentent la douleur ; il faudra tâcher d’attenuer ces humeurs, & ensuitte les évacuër par insensible transpiration, & fortifier la partie pour la remettre en son premier état.

Ce mal est difficile à connoistre, particulièrement quand on n’a point veu faire l’effort au Cheval, & qu’il ne fauche point ; c’est à dire, qu’en cheminant il ne porte point la jambe en tournant, faisant un demy rond avec le pied, au lieu de le porter droit en avant ; car s’il fauche, c’est une marque presque infaillible qu’il a fait effort à l’épaule, ou qu’il est entr’ouvert : les Marechaux disent qu’il a fait un écart.

Lors que le Cheval ne fauche point, & que neantmoins il boitte, on le fait tourner & trotter en rond sur le costé malade assez court, & on observe soigneusement comme il pose son pied à ter-