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PREMIERE PARTIE.

CHAP.
ⅭⅩⅤ.
Pour donner le miel aux Chevaux alterez de flanc, & autres.


LUsage du miel est excellent aux Chevaux maigres, qui ont le flanc échauffé, qui ont beaucoup fatigué, car il est amy du poulmon, il adoucit l’acrimonie des humeurs : mais comme il le faut donner avec methode, j’ay inferé icy toutes les particularitez qu’il faut observer pour cela, parce qu’il y a des personnes qui donnent le miel dans l’avoine aux Chevaux alterez de flanc ou poussifs, ce qui est bon ; mais il n’y a rien d’égal à le faire manger chaud avec du son, au cas que le Cheval puisse s’y accoûtumer : car il y a bien des Chevaux qui n’en veulent pas de chaud : s’ils y ont trop de repugnance, il faut le laisser refroidir, ou le leur donner tout froid.

On méle une livre de miel avec deux picotins de son, & on remue & deméle bien le tout avec un peu d’eau tiede, en sorte qu’il n’y en aye point trop pour faire couler le son.

D’autres font cuire dans un chauderon une couple de boisseaux de son avec du miel & de l’eau à proportion, & le donnent à leurs Chevaux : la methode en est bonne, & le miel donné d’une façon ou d’autre il guerit la toux, & rétablit le flanc ; & de plus engraisse un Cheval s’il est sec & miserable apres de longues fatigues.

Cette façon de donner le miel est tres-bonne, & on peut en faire manger au Cheval dans les commencemens demie livre, puis une livre, & ensuite deux livres tous les jours, une le matin & une le soir, ou d’une façon ou d’autre ; c’est à dire, ou simplement demélant une livre de miel parmy le son, & le moüiller avec de l’eau chaude ou tiede, ou le faisant boüillir, comme j’ay dit, dans un chaudron avec le son.

Lorsqu’on veut bien donner le miel à un Cheval, il faut ne le point travailler, luy donner du son, mais point d’avoine, & continuer jusqu’à ce qu’il purge & se vuide beaucoup, & quoy qu’il se vuide copieusement, ne point cesser de donner la mesme quantité de miel, aussi long-temps que le Cheval vuidera, pourveu que cette évacuation ne passe pas six jours que si elle continuoit jusque au septiéme jour vous cesserez de luy donner du miel : on n’est gueres dans ces peines, car ils ne se vuident jamais abondamment que trois ou quatre jours desuite, quoy qu’ils mangent toujours du miel.
V u ⅲ