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LE PARFAIT MARESCHAL.

Chap.
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vouloir passer pour habile, le plus grand nombre de ceux que je vous donne sont de mon invention, & tous composez avec raisonnement & methode, sans en faire de mystere ny de secret, ne m’en estant pas reservé un seul, afin de faire jouir le Public de mon travail. Avant que je sceusse le peu que le temps & l’expérience m’ont appris, je tenois les remedes qui m’avoient reüssi, si chers & si cachez que je ne les donnois que tres rarement, presentement je m’en suis desabusé. C’est une maxime que j’ay toujours trouvée véritable, que dans tous les Arts ceux qui excellent n’ont jamais de jalousie contre ceux de leur profession ; tout au contraire les demy sçavans ne peuvent souffrir qu’on loüe les autres, bien loin de les loüer eux-mesmes, ils s’imaginent que c’est autant de rabattu de leur gloire. Je ne pretens point à la qualité ny au titre de sçavant ; mais j’ay tiré un tres bon augure de ce que l’estime qu’on en fait de ce Livre à cause du chagrin à quelques personnes qui veulent qu’on les croye tres-habiles.

Du moment qu’il parut, la pluspart des fameux Mareschaux se deschainerent contre la méthode que je prescris de traitter les maladies des Chevaux ; par ce que je ne suy pas leur ancienne routine ; depuis quelques personnes de qualité qui ont confiance en moy, ayant eu des Chevaux malades, ont ordonné à leurs Mareschaux de suivre de point en point ce que j’ordonnerois, ils ont veu que la chose a reüssi en mille occasions : ils se sont rendus, & peu à peu ils ont lu mon Livre & ont quitté en partie la vieille routine, & de l’un à l’autre ils y sont presque tous venus: de sorte que depuis quinze ou seize ans, presque toute la Medecine des Chevaux est changée à Paris, & tous les jours des Mareschaux me viennent demander advis sur les Chevaux malades qu’ils traitent, & par ce moyen ils satisfont leurs chalans, qui presque tous lisent mon Livre & veulent que leurs Mareschaux la suivent de point en point quand leurs Chevaux ont quelque infirmité. Si cela continuë de la sorte comme toutes les apparences y sont, dans peu de temps la Médecine des Chevaux sera en bon estat, & les choses se feront dans un meilleur ordre que par le passé. Ce Livre a produit cet effet, ce qui n’est pas peu de chose.


CHAP.
Ⅹ.
De la Gourme.


LA Gourme est une incommodité, de laquelle peu ou point de Chevaux nez en ce climat échappent & se sauvent sans estre attaquez ; c’est une vuidange, ou décharge des humeurs su-