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LE PARFAIT MARESCHAL.

Chap.
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leur boire ne trouble point le cerveau, & leur exercice contribuë à leur bonne santé.

Fiévre pestilentielle.

La troisiéme espece de fiévre est la pestilentielle, qui fait bien du ravage en peu de temps : elle abat les forces en un moment, & le mal ne trouvant point de resistance, n’est pas de longue durée : Elle vient ou par morsure, ou piqueure de beste veneneuse, ou pour avoir pris des alimens empoisonnez, ou par l’infection de l’air, qui est quelquefois si grande qu’on voit mourir tous les Chevaux d’une écurie.


CHAP.
ⅭⅩⅩⅩⅤ.
Des causes & des signes de la fiévre.


LEs causes ordinaires de la fiévre, sont toutes les choses qui peuvent contribuer à l’ébulition & fermentation des humeurs, comme tout ce qui échauffe, soit exercice violent, soit l’usage d’alimens chauds, principalement en esté : Par exemple, tout ce qui contribue à la plénitude, car dans une trop grande repletion la nature n’est pas maistresse des humeurs, qui luy resistent & qui croupissent, ce qui cause leur pourriture & leur ébulition : comme aussi tout ce qui bouche les passages, tant pour l’évacuation des excremens, principalement de ceux de l’habitude du corps, qui sont en tres-grande quantité, que pour le cours libre naturel du sang, qui passe tant de fois le jour du cœur aux arteres, & des arteres aux veines, & de celles-cy au cœur ; Ainsi un Cheval échauffé qu’on expose à un air froid, ou qui boit de l’eau vive, pour peu de disposition qu’il y ayt, est fort susceptible de la fiévre : Enfin, tout ce qui peut troubler l’œconomie du corps, est capable de donner la fiévre.

Les signes de la fiévre, sont la respiration frequente & difficile, avec de grands battemens de flanc, chaleurs à la bouche, à la langue, & par tout le corps, les lévres & les oreilles pendantes & basses, les veines enflées : De plus, le Cheval chancele en cheminant, il ne se couche que rarement. S’il se couche il se releve d’abord, ne pouvant demeurer couché, à cause qu’il a en cette posture plus de peine à respirer que lors qu’il est débout : il perd absolument le manger, ou ne mange que par boutade : le cœur luy flotte & bat contre les côtes : il a les yeux tristes & luisans, il chemine avec peine, il ne regarde point ceux qui approchent de luy,