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PREMIERE PARTIE.

CHAP.
ⅽⅼⅰ.
quel je luy fis manger plus de six livres de policreste, sans qu’il se dégoûtast jamais, & il en mangeoit une poignée par jour, car on ne le pesoit point, cela luy donna un cours de ventre en sorte qu’il fientoit aussi mol que les vaches, ce qui dura vingt jours ; je ne discontinuay pas le policreste pendant ce temps-là, quand il ne fienta plus mol je cessay le policreste, je le fis mener à la riviere baigner, & sa demangeaison cessa sans aucune application exterieure.


CHAP.
CLII.
De la Gras-Fondure.


LEs Mareschaux & tout le monde apres eux, disent que cette maladie est causée par un travail violent qui a si fort échauffé le Cheval, que se trouvant trop gras, la graisse se fond dans le corps & l’étouffe, mais quoy qu’ils disent que la graisse se fonde dans le corps d’un Cheval, il n’en est rien, ce sont des humeurs visqueuses comme des glaires, qui estant agitées & fermentées par une bille acre & subtile, boüillent, s’élevent & se rarefient, en sorte qu’au moyen de cette agitation, elles ne peuvent contenir dans le lieu qui leur est destiné par la nature, se répandent par tout, & font ( comme le levain dans le pain ) fermenter le reste des humeurs, qui estant agitées & mises en mouvement, troublent l’économie naturelle, envoyent des vapeurs qui offusquent le cerveau, agitent les esprits, qui excitent la fiévre, & finalement se débondent jusques dans le gros boyau où la nature les pousse pour s’en décharger d’une partie ; là elles se trouvent mélées avec la fiante, & nous font connoistre que le Cheval a la maladie qu’on appelle Gras-fondure ; les causes ordinaires de cette maladie sont la plenitude, les Chevaux fort gras y sont plus sujets que les autres, parce qu’ils ont plus d’humeurs, le travail violent & inconsideré agitte la bile, qui fait les desordres que j’ay expliqué, rencontrant un corps plein d’humeurs, comme sont les Chevaux tres-gras qui ne font aucun exercice, ou tres peu.

Cette maladie est tres-difficile à connoistre, & plus difficile à guerir, si on n’y donne remede tout à l’heure ; j’ay veu un Cheval qui a travaillé deux jours estant gras-fondu, & sans donner aucun signe de son mal il mourut. Il est vray que si apres estre gras-fondu il demeure en repos, il donnera plûtost des marques de sa maladie.

Ordinairement il perd le manger, il se couche & se leve, &
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