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PREMIERE PARTIE.

Chap.
ⅽⅼⅹⅹⅸ
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confirmée par cent differentes operations : l’importance est si grande d’apporter les précautions que j’ay dit en donnant le feu, d’avoir la main legere, qui est de ne presser pas sur la raye avec les coûteaux, qui doivent estre seulement rouges, sans les faire flamber, & au feu de charbon de bois ; que j’ay veu deux Mareschaux, l’un donner le feu à une jambe de devant, l’autre à l’autre : celuy qui avoit la main legere, le feu luy reüssit tres-bien, & l’autre qui avoit appuyé & fait trop chauffer les coûteaux, fit dépouiller toute la jambe, qui eut mille peines à guerir, & ils avoient donné mesme nombre de rayes l’un & l’autre.

Lors qu’on veut que le feu penetre & resolve une enflure dure, si on n’a pas eu le temps de la ramolir, il faut le feu estant donné comme je l’ay ordonné, passer sur les rayes avec un pinceau de l’esprit de vitriol deux ou trois fois, il fera agir le feu, & concentrera sa chaleur, ensorte qu’il fera beaucoup plus d’effet qu’il ne feroit si on ne se servoit pas de cet esprit de vitriol ; que si c’est un endroit où on veuille mettre un ceroüenne apres le feu, il faut attendre un moment apres que l’esprit de vitriol a esté mis, afin de le laisser imbiber avant d’y mettre le ceroüenne, les escarres tomberont plus nettes & plûtost, & le feu fera un plus grand effet.

Je crois estre un de ceux qui ont mis l’usage du feu en vogue à Paris, j’ay fait perdre l’apprehension qu’on en avoit, car je l’ay fait donner à tant de Chevaux, qu’on a esté desabusé, & ayant veu les bons effets qu’il a produit, on s’est rendu à l’experience, qui est la maistresse des Arts, & presentement on le fait donner tres-communément, en cela je crois avoir servy utilement le public : Il y a vingt-cinq ans que parler de donner le feu à un Cheval, & parler de l’envoyer à l’escorcheur, c’estoit tout de mesme : presentement ce n’est plus une affaire, & les gens y consentent au premier mot.


CHAP.
CLXXX.
De tous les maux des jambes de derriere, du jaret en bas.

LEs gros Chevaux de Hollande & de Frise, estans d’un temperament flegmatique, ayans esté nourris en païs humides, ont les jambes fort chargées de chair & de poil, ce qui empesche les Palfreniers & les Cochers de les pouvoir nettoyer ; & la boüe qui est pleine d’un nitre, qui est une espece de sel corro-
Tome I.
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