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PREMIERE PARTIE.

Chap.
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tous les lobes du poulmon & finalement le Cheval meurt, & comme à privatione ad habitum non datur regressus : Si l’on ne prend ce mal dans le temps qu’on peut fortifier la nature pour l’obliger à consolider le poulmon & guerir cet ulcere malin, jamais on ne guerira de Cheval morveux : Que si elle est située dans la ratte, elle ne guerira jamais, puisque c’est une partie qui resiste fort aux remedes. Pour commencer la cure, on peut par une maniere de precaution barrer les deux veines du col, deux doigts au dessous de l’endroit où l’on seigne, & y proceder en cette maniere ; coupez le cuir, découvrez la veine, détachez-la avec la corne de chamois, puis la liez avec de la soye double cirée, sans couper la veine, pour le peril qu’il y a qu’elle n’échape de la ligature, quand le Cheval mange & remue la mâchoire, avec laquelle une des branches de cette veine a communication ; emplissez-la playe de sel, & en faites autant de l’autre côté de l’encolure. Cette barrure de veine est encore tres-profitable pour les yeux foibles ou attaquez de fluxion ; ces veines estant barrées, arresteront le sang qui seroit porté avec impetuosité au cerveau, il y en aura moins ; ainsi l’abondance de l’humeur acre qui tombe sur le poulmon diminuera, & l’ulcere pourra plûtost estre guery, tout au moins, on est seur que ce barrement de veine ne peut nuire s’il ne profite : Je n’ay pas ordonné de couper la veine entre les deux ligatures, à cause que j’ay veu mourir des Chevaux parce qu’on n’a pû ratrapper la veine qui estoit échappée, la ligature ayant coulé quand le Cheval a mangé, & la veine sera aussi bien arrestée que si on l’avoit coupée.

Il ne faut donner au Cheval morveux que du son mouillé, luy faire faire un exercice moderé sans le jaisser croupir au coin d’une écurie : & pour sa boisson il faut fondre deux livres de soulfre dans une cueillere de fer, & tout boüillant le jetter dans un sceau d’eau, retirer le soulfre, le faire fondre une seconde fois, & le jetter encore dans la mesme eau qui sera destinée pour la boisson du Cheval morveux ; le sel doux & balsamique du soulfre qui est le baume des poumons, demeurera dans l’eau, & contribuera beaucoup à les guerir. La morve quoy qu’incurable ne va pas promptement, mais insensiblement ; l’acrimonie de la matiere s’augmente à mesure que l’ulcere s’agrandit, & la partie dans laquelle elle a son siege, se consomme ; les plus proches en fouffrent, la maigreur saisic le corps, & quelque nourriture qu’il puisse prendre, il ne profitte plus. Et comme il y a des Chevaux qui repugnent à boire de cette eau, où le soulfre a esté jetté, on peut prendre la pâte d’un pain
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