Grand en maintenant toujours une place à part entre l’Orient et l’Occident, tout cela pour devenir définitivement un instrument de la « grande idée » serbe et de la « grande idée » bulgare !
Mais, nous dira-t-on, il ne s’agit pas de cela, le vrai but de notre politique nationale, c’est Constantinople. À ce qu’il paraît, on ne compte plus avec les Grecs qui ont cependant, eux aussi, une « grande idée » panhellénique. Mais le plus important est de savoir : avec quoi, au nom de quoi pouvons-nous entrer à Constantinople ? Que pouvons-nous y apporter sinon l’idée païenne de l’État absolu, les principes du césaro-papisme que nous avons emprunté aux Grecs et qui ont déjà perdu le Bas-Empire ? Il y a dans l’histoire universelle des événements mystérieux, mais il n’y en a pas d’absurdes. Non ! ce n’est pas la Russie que nous voyons, la Russie infidèle à ses meilleurs souvenirs, aux leçons de Vladimir et de Pierre le Grand, la Russie possédée par un nationalisme aveugle et un obscurantisme effréné, ce n’est pas elle qui pourra jamais s’emparer de la seconde Rome et terminer la fatale question d’Orient. Si, par notre faute, cette question ne peut pas être résolue à notre plus grande gloire, elle le sera à notre plus grande humiliation. Si la Russie persiste dans la voie de l’obscurantisme oppressif où elle vient de rentrer, elle sera remplacée en Orient par une autre force nationale beaucoup moins douée, mais aussi beaucoup plus con-