(Év. Math., xxviii, 19), ne s’est pas adressé et n’a pas adressé ses disciples à aucune nation en particulier : c’est que pour Lui elles n’existaient que dans leur union organique et morale comme membres vivants d’un seul corps spirituel et réel. Ainsi la vérité chrétienne affirme l’existence permanente des nations et les droits de la nationalité, tout en condamnant le nationalisme qui est, pour un peuple, ce que l’égoïsme est pour l’individu : le mauvais principe qui tend à isoler l’être particulier en transformant la différence en division et la division en antagonisme.
Le peuple russe est un peuple chrétien, et par conséquent pour connaître la vraie idée russe il ne faut pas se demander ce que la Russie fera par soi et pour soi, mais ce qu’elle doit faire au nom du principe chrétien qu’elle reconnaît et pour le bien de la chrétienté universelle à laquelle elle est censée appartenir. Elle doit, pour remplir vraiment sa mission, entrer de cœur et d’âme dans la vie commune du monde chrétien et employer toutes ses forces nationales à réaliser, d’accord avec les autres peuples, cette unité parfaite et universelle du genre humain, dont la base immuable nous est donnée dans l’Église du Christ. Mais l’esprit de l’égoïsme national ne se laisse pas