ser définitivement dans un tel état. Mais le peuple russe est chrétien au fond de son âme, et le développement excessif qu’a pris chez lui le principe anti-chrétien de l’État absolu n’est que le revers d’un principe vrai — celui de l’État chrétien, de la royauté du Christ. C’est le second principe de la trinité sociale, et pour le manifester avec vérité et justice la Russie doit, avant tout, le mettre à la place qui lui appartient, le reconnaître et l’affirmer non pas comme le seul et unique principe de notre existence nationale isolée, mais comme le second des trois agents principaux de la vie sociale universelle dont nous devons être solidaires. La Russie chrétienne, en imitant le Christ lui-même, doit soumettre le pouvoir de l’État (la royauté du Fils) à l’autorité de l’Église universelle (le sacerdoce du Père), et donner une part à la liberté sociale (action de l’Esprit). L’empire russe, isolé dans son absolutisme, n’est qu’une menace pour la chrétienté, une menace de luttes et de guerres sans fin. L’empire russe, voulant servir et protéger l’Église universelle et l’organisation sociale, apportera dans la famille des peuples la paix et la bénédiction.
« Il n’est pas bien pour un homme de rester seul. » Il n’en est pas autrement pour une nation. Il y a neuf cents ans nous avons été baptisés par saint Vladimir au nom de la Trinité féconde et non pas au nom de l’unité stérile. L’idée russe ne peut pas consister à re-