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Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/175

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aucune raison d’être, parce qu’elle ne procure plus d’avantages, et aussi parce que c’est un moyen trop coûteux et trop hasardeux pour recueillir des résultats qui peuvent être obtenus à meilleur marché et plus sûrement – alors, c’est que la période guerrière de l’histoire est finie. Bien entendu, je parle en grand[1]. D’aucune manière, il ne peut être question d’un désarmement immédiat. Mais je suis bien persuadé que nous et nos enfants ne verrons pas de grandes guerres, de guerres véritables ; et qu’en fait de petites guerres, nos petits-fils connaîtront seulement le récit de celles qui auront lieu dans quelque région de l’Asie ou de l’Afrique.

Au sujet de Vladimir Monomach, voici ma réponse : quand il fallait protéger l’avenir du jeune État russe contre les Polovtsi, puis contre les Tatares, etc., la guerre était la chose la plus importante et la plus nécessaire. Cela aussi on peut, jusqu’à un certain point, le dire de l’époque de Pierre le Grand, quand s’imposait le devoir d’assurer le sort de la Russie comme nation européenne. Mais, ensuite, l’importance de la guerre devient de plus en plus sujette à la discussion. Maintenant, ainsi que je viens de le dire, la période guerrière de l’histoire est terminée, en Russie comme partout. Ce que je viens de dire de notre peuple s’applique, naturellement, mutatis mutandis, aux autres pays européens. Partout, autrefois, la guerre était le principal et inévitable moyen de protéger et de fortifier la vie publique et nationale ; et

  1. En français. (N. d. t.)