Aller au contenu

Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

conscience. Si elles étaient une seule et même chose, alors comment l’intelligence pourrait-elle coopérer à des actions qui non seulement ne concernent pas la moralité, mais qui sont même directement immorales ? Et cela arrive. On peut procurer des secours avec intelligence mais malhonnêtement ; par exemple, si je donne à manger, à boire et si je témoigne de toutes manières de la bienveillance à un nécessiteux, en vue de faire de lui un complice pour la réussite d’une escroquerie quelconque ou d’une autre mauvaise action.

LE PRINCE. – Oui, c’est élémentaire. Mais que prétendez–vous en conclure ?

M. Z… – Ceci : que, si la conscience, avec toute son autorité, comme la voix qui prononce des avertissements et qui fait des reproches, ne donne pas, pour nos actes, des indications positives et pratiquement définies ; et si notre bonne volonté a besoin de l’intelligence comme d’un instrument à son service ; et si cependant l’intelligence se montre un serviteur douteux, étant propre et prêt à servir de la même manière deux maîtres, – le bien et le mal – alors, la conclusion c’est que, pour accomplir la volonté de Dieu, il faut, outre la conscience et l’intelligence, quelque chose, une troisième chose.

LE PRINCE. – Et qu’est-ce que sera celle-là, selon vous ?

M. Z… – Pour le dire brièvement, c’est l’inspiration du bien, ou l’action directe et positive du bon principe sur nous et en nous. Dans cette coopération d’en haut, l’intelligence et la conscience deviennent