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Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/275

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telle mythologie. Moi, je vous demande des faits que l’on puisse prouver et non point vos croyances.

M. Z… – Doucement, doucement, Prince. Tous les deux nous procédons d’une croyance, ou, si vous le voulez, d’une mythologie ; seulement, je l’accompagne jusqu’au bout, tandis que vous, malgré la logique, vous vous arrêtez au commencement du chemin. Voyons, vous admettez, n’est-ce pas, la puissance du bien et son futur triomphe sur la terre ?

LE PRINCE. – Je l’admets.

M. Z… – Et qu’est-ce que c’est que cela ? Un fait ou une croyance ?

LE PRINCE. – Une croyance raisonnable.

M. Z… – Nous allons voir. Comme on nous l’a enseigné au séminaire, la raison ordonne, entre autres choses, de ne rien admettre sans un fondement suffisant. Je vous prie de me dire sur quel fondement suffisant, après avoir reconnu la puissance du bien dans le progrès moral et dans le perfectionnement de l’homme et de l’humanité, vous reconnaissez que le bien est impuissant contre la mort ?

LE PRINCE. Moi, j’estime que vous avez à nous dire pourquoi vomis attribuez de la puissance au bien en dehors de la sphère morale ?

M. Z… – Je vais vous le dire. Dès que je crois au bien et à sa puissance propre et que, dans la notion même de cette puissance bienfaisante, se confirme sa supériorité essentielle et absolue, alors, logiquement, je reconnais là une puissance illimitée ; et rien ne m’empêche de croire à la vérité de la résurrection, certifiée historiquement. En outre, si, tout d’abord,