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Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/278

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d’un tableau historique imaginaire et anticipé, cette composition donne, selon moi, tout ce que la Sainte-Écriture, la tradition de l’Église et la seule raison permettent de dire de plus vraisemblable sur un tel sujet.

L’HOMME POLITIQUE. – Est-ce que ce ne serait pas une production de notre connaissance Varsonophii ?

M. Z… – Non, on lui donnait un nom plus raffiné : Pansophii.

L’HOMME POLITIQUE. – Pan Sophii ? Un Polonais ?

M. Z… – Nullement. Le fils d’un prêtre russe. Si vous m’accordez un instant pour aller jusqu’à ma chambre, j’apporterai et je vous lirai ce manuscrit. Il n’est pas volumineux.

LA DAME. – Allez ! Allez ! Mais ne vous égarez pas. (Pendant que M. Zva dans sa chambre prendre le manuscrit, la compagnie se lève et fait un tour de jardin.)

L’HOMME POLITIQUE. – Je ne sais pas au juste : est-ce la vieillesse qui obscurcit ma vue ou est-ce la nature qui se modifie ? En tout cas, je constate que dans n’importe quelle saison et dans n’importe quel endroit, il n’y a plus maintenant ces claires et tout à fait transparentes journées qu’on observait jadis sous tous les climats. Ainsi, aujourd’hui, pas un seul petit nuage ; nous sommes assez loin de la mer ; et pourtant on dirait que tout est recouvert d’une sorte de voile fin qu’on ne peut saisir. Toujours est-il que ce n’est pas la pleine clarté. Le remarquez-vous, Général ?

LE GÉNÉRAL. – Voilà déjà bien des années que je l’ai remarqué.