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Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/300

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et qui avez froid, afin que je vous rassasie et que je vous réchauffe. » Alors, il annonce la simple et complète réforme sociale, celle qu’il avait déjà indiquée dans son livre et qui, d’avance, avait conquis tous les esprits élevés et mesurés. Grâce à la concentration entre ses mains des finances universelles et d’énormes richesses territoriales, il peut accomplir cette, réforme : contenter les pauvres sans nuire sensiblement aux riches. Chacun alors commença de recevoir selon ses facultés ; et chaque faculté selon le travail et les services.

Le nouveau maître de la terre était surtout un philanthrope compatissant, et non seulement l’ami des hommes, mais aussi l’ami des bêtes. Végétarien personnellement, il interdit la vivisection et soumit les abattoirs à une surveillance sévère ; les sociétés protectrices des animaux furent par lui encouragées de toute façon. La plus importante de ses œuvres fut la solide organisation, dans toute l’humanité, de l’égalité essentielle par excellence : l’égalité du rassasiement général. La seconde année de son règne vit se réaliser cette réforme. La question sociale économique fut définitivement résolue.

Mais si le rassasiement est le premier désir des affamés, ce désir, une fois satisfait, fait place à un autre. Les animaux eux-mêmes, quand ils sont repus, veulent d’ordinaire non seulement dormir, mais encore jouer. D’autant plus l’humanité, qui, toujours, post panem, a réclamé circenses.

L’empereur sur-homme comprend ce qu’il faut à ses peuples. Précisément, pendant qu’il se trouve à