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Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/320

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présentèrent leur texte. Accipio et approbo et laetificatur cor meum, dit Apollonius, en apposant sa signature. « Je suis un véritable orthodoxe et un évangélique véritable, autant que je suis un véritable catholique », ajouta-t-il en échangeant un amical baiser avec le Grec et l’Allemand. Puis il vint à l’empereur, qui l’embrassa et qui le pressa longuement sur son cœur. Alors, dans le palais et dans le temple surgirent des points brillants qui flottaient en tous sens ; ils se développèrent jusqu’à devenir des formes lumineuses de choses étranges ; d’en haut tombaient sur le sol des fleurs extraordinaires, exhalant en abondance un parfum inconnu. D’en haut retentirent, délicieux, allant droit à l’âme et saisissant le cœur, les sons d’instruments musicaux ignorés jusque-là ; et les voix angéliques d’invisibles chanteurs glorifiaient les nouveaux maîtres du ciel et de la terre. Mais, en même temps, un terrible bruit souterrain retentissait dans l’angle nord-ouest du palais central, sous le Koubbet-el-arouakh, c’est-à-dire sous la coupole des âmes, où, selon les traditions musulmanes, se trouve l’entrée de l’enfer. Quand, à l’invitation de l’empereur, les assistants s’avancèrent de ce côté, tous entendirent des voix innombrables, aiguës et perçantes, – ni enfantines, ni diaboliques – qui criaient : « L’heure est venue ; délivrez-nous, sauveurs, sauveurs ! » Mais Apollonius, se serrant contre le roc, cria en bas, à trois reprises, quelques mots d’une langue inconnue ; alors les voix se turent et le bruit souterrain s’interrompit. Pendant ce temps, l’immense foule du peuple, venue de tous les côtés, s’était amassée