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Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/325

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annoncé, se changeait en une haine absolue et ardente vis-à-vis du fourbe astucieux, de l’impudent imposteur. Tout le judaïsme se leva comme un seul homme ; et ses ennemis s’aperçurent avec surprise que l’âme israélite, au fond, ne vit pas des calculs et des appétits de Mammon mais de la force d’un sentiment sincère, par l’espérance et par le courroux de sa foi messianique éternelle. L’empereur, qui ne s’attendait pas à une explosion si soudaine, perdit la maîtrise de soi : il publia un édit condamnant à la mort tous les sujets insoumis, juifs et chrétiens. Par milliers et par dizaines de milliers, des gens qui n’avaient pas eu le temps de s’armer subirent un impitoyable massacre. Mais, bientôt, une armée d’un million de Juifs s’empara de Jérusalem et cerna l’Antéchrist dans Kharam-ech-Cherif. Celui-ci ne disposait que d’une partie de la garde, qui ne pouvait l’emporter sur la masse des ennemis. Grâce à l’art magique de son pape, l’empereur réussit à percer les lignes des assiégeants. Bientôt, on le vit de nouveau en Syrie, commandant une immense armée de païens de races diverses. Les Juifs, malgré leur peu de chances de vaincre, marchèrent à sa rencontre. À peine les avant-gardes des deux armées s’étaient-elles rejointes, que se produisit un tremblement de terre d’une violence sans pareille. – Sous la mer Morte, près de laquelle les troupes impériales avaient pris position, s’ouvrit le cratère d’un énorme volcan ; et des torrents de feu, qui se mêlaient en un lac enflammé, engloutirent l’empereur lui-même, ses troupes innombrables et, son inséparable compagnon le pape Appolonius, à qui