réunir, si révolutionnaire qu’elle nous vienne, ne sera, aussi bien que la constitution qu’elle doit donner, que du provisoire. Ce n’est point avec des lambeaux de la constitution de l’an viii, de celle de l’an iii ou de l’an ii, flanquées du Contrat social et de toutes les déclarations de Droits de Lafayette, de Condorcet et de Robespierre, que l’on traduira la pensée du Peuple. Notre illusion en ce moment est de croire à la possibilité d’une république dans le sens vulgaire du mot ; et c’est chose risible que de voir nos tribuns arranger leurs fauteuils pour l’éternité. La dernière révolution contient autre chose : sans cela il faudrait dire qu’elle s’est accomplie par hasard, qu’elle est un accident sans cause et sans racines, en un mot, qu’elle est absurde.
Telle est aussi l’idée, tel est le doute qui, dans le secret des consciences, tourmente la nation, ceux qui occupent le pouvoir, aussi bien que ceux qui viennent de le perdre.
Tous les hommes qui, hier, s’attachaient à l’une des formes politiques maintenant disparues, conservateurs, dynastiques, légitimistes, et plus d’un même parmi les radicaux, également déroutés, regardent avec inquiétude cette République qui renaît, sous un étendard nouveau, un demi-siècle après ses funérailles. Depuis quand, se disent-ils, est-ce que les morts ressuscitent ? L’histoire rétrograde-t-elle ? tourne-t-elle ? se recommence-t-elle ? La société a-t-elle ses époques palingénésiques, et le progrès ne serait-il qu’une série de restaurations ?…