Page:Solution du problème social.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

temporains. Elle a lui, pour la première fois, aux yeux des Vico, des Montesquieu, des Lessing, des Guizot, des Thierry, et de leurs émules. Est-ce aussi pour la postérité que nous devrons nous couper la gorge ?

Le moyen le plus sûr de faire mentir le Peuple, c’est d’établir le suffrage universel. Le vote par tête, en fait de gouvernement, et comme moyen de constater la volonté nationale, est exactement la même chose que serait, en économie politique, un nouveau partage des terres. C’est la loi agraire transportée du sol à l’autorité.

Parce que les auteurs, qui les premiers se sont occupés de l’origine des gouvernements, ont enseigné que tout pouvoir a sa source dans la souveraineté nationale, on a bravement conclu que le mieux était de faire voter, de la voix, du croupion, ou par bulletin, tous les citoyens, et que la majorité des suffrages ainsi exprimés était adéquate à la volonté du Peuple. On nous a ramenés aux usages des barbares, qui, à défaut de raisonnement, procèdent par acclamation et élection. On a pris un symbole matériel pour la vraie formule de la souveraineté. Et l’on a dit aux prolétaires : quand vous voterez, vous serez libres, vous serez riches ; vous décréterez le capital, le produit et le salaire ; vous ferez, comme d’autres Moïse, tomber du ciel les grives et la manne ; vous deviendrez comme des dieux, car vous ne travaillerez plus, ou vous travaillerez si peu, si vous travaillez, que ce sera comme rien.