Page:Solvay - La Fanfare du cœur, 1888.djvu/8

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Il ne sied pas d’être belle
Et de n’aimer pas les fleurs…
Malgré ses cris et ses pleurs,
J’ai puni cette rebelle !

Dans ses aimables prisons
Cupidon l’a verrouillée ;
Elle dort sous la feuillée
Et se nourrit de chansons.

Cette vie étant facile,
Elle s’y fait aisément.
Les sourires de l’amant
La rendront bientôt docile.

Son geôlier n’est pas ingrat.
Dans ce fin régal des choses,
Elle aura sa part de roses,
Et le dieu fripon saura

Lui dire mieux que personne
Pourquoi, lorsque les roseaux
Baisent mollement les eaux
De leur tête qui frissonne,

Soudain, dans les bois bénis,
On entend la voix touchante
Des petits oiseaux, qui chante
Sur le bord de tous les nids !


PORTRAIT


Je garde pour moi seul un souvenir pieux :
De ton être adoré j’ai l’image fidèle, —
Ton front blanc comme un lys, ta main, ta taille frêle,
La rose de tes lèvres et l’azur de tes yeux.

Rien n’en rendra jamais la fraîcheur éphémère,
Et les ans, dans leur cours, ne l’affaibliront pas ;
Car l’image que j’ai n’a point les faux éclats
Ni la fragilité des choses de la terre.

Elle est gravée au fond de mon cœur affolé ;
Nul que moi n’en saura le charme inviolé.
Et, quand l’âge sur nous mettra sa main flétrie,
J’aurai conservé chaste, éternel, infini,
Comme un dernier parfum de notre amour béni,
Le vivant souvenir de ta beauté chérie.