Aller au contenu

Page:Sonnerat - Voyage aux Indes orientales et à la Chine, tome 2.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
100 VOYAGE AUX INDES


trés-gros cierges creux, elles les remplirent de diamans & de l'or que chacun avoit mis en dépôt dans leur monastére.

Les Hollandais établirent la tolérance religieuse dans le pays qu'ils venoient de foumettre. Ils crurent avec juste raison que la politique exige qu'on souffre des gens de toutes les nations & de toutes les sectes, lorsqu'on veut faire fleurir un établissement ; on y trouve encore la ville chrétienne & une église romaine.

La Citadelle est bonne, elle devroit renfermer six cents hommes de garnison, mais ce nombre n'est jamais complet: d'ailleurs, on est obligé d'en tirer des détachemens pour les petits comptoirs répandus fur la côte. Une riviére qui remonte jusqu'à quatre-vingt lieues dans les terres, baigne les murs delà citadelle; elle n'est pas large, & l'entrée en est fort incommode : échoué fur un banc, on est forcé d'attendre la pleine- mer pour arriver au débarquadaire ; peut-être est-ce par politique que les Hollandais n'y creusent point un canal qui rendroit cette place d'un accés trop facile.

C'est un des pays les plus favorites de la Nature; elle y fait régner un printems continuel. Ses productions de toutes espéces s'y montrent & s'y multiplient dans toutes les saisons. Il est coupé par plusieurs riviéres & couvert de forêts impénétrables : c'est par cette raison qu'il est peu connu des Européens; les habitans même ne peuvent pénétrer bien loin, parce que ces immenses forêts qui bordent les établissemens, font un vaste repaire de bêtes féroces & de reptiles venimeux. Les productions animales & végétales sont presque les mêmes qu'aux Philippines, & le pays a beaucoup de rapport avec cet Archipel, ce qui fait présumer qu'il en a été séparé par quelque, violente secousse.