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Page:Sonnerat - Voyage aux Indes orientales et à la Chine, tome 2.djvu/23

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ET A LA CHINE. Liv. IV.

de l’Éternel ; c’est pourquoi ils ne cessoient d’exalter l’avantage des Théocraties, sous l’emblême desquelles ils vouloient déguiser leur despotisme sacré, image du gouvernement qu’ils bruloient d’établir dans toutes les contrées.

Les Chinois devant servir de base à leur système, il falloit qu’ils représentassent le despote qui les gouvernoit, comme un Prince jouissant d’une autorité sacrée & absolue sur des peuples innombrables, & cachant sa politique & ses décrets sous un voile impénétrable au vulgaire : ils devoient présenter en même-tems les Chinois comme un peuple doux, humain, heureux & satisfait sous la conduite d’un tel père, habile dans l’agriculture, le commerce & les arts, régis par des loix sages, & dans la position morale & civile que tous les hommes doivent ambitionner.

Leurs relations ont annoncé des travaux dont l’étendue étonne l’esprit humain ; à peine avons-nous une seule histoire générale du pays que nous habitons, & l’on nous en offre une de l’empire de la Chine, qu’un Jésuite prétend avoir traduite de l’original sur les lieux mêmes. Cette précaution est admirable sans doute, & décéle une profondeur de vûes étonnantes, puisque l’histoire exerce sur la crédulité un pouvoir avoué par la raison, & qu’elle en impose par la chaîne des dates & la vraisemblance des détails, puisque c’est enfin dans l’histoire seule que le sage peut étudier les hommes.

Toutes les circonstances favorisoient les Jésuites ; eux seuls avoient vaincu les obstacles qui s’opposoient à toute communication avec les Étrangers, & avoient pénétré jusqu’à Pékin.

Leurs relations paroissoient ensevelies dans l’oubli en même-tems que leur influence a été détruite, lorsque une classe d’hom-

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