Les Chinois n’entreprennent rien sans avoir consulté les caractères de Confucius[1], & brûlé devant sa figure une bougie de sandal, de même qu’un morceau de papier doré ; d’autres consultent la tortue ou la fève[2] ; ces trois choses sont regardées comme très-essentielles, & font agir les trois quarts des Chinois. Ils passent toute la journée dans l’inquiétude, si l’oracle ne leur a pas annoncé qu’elle sera heureuse.
Leur superstition pour le nombre neuf est extrême ; tout se fait par ce nombre ; on bat neuf fois la tête[3] si l’on aborde un Mandarin, & celui-ci fait la même cérémonie en approchant l’Empereur. Toutes les tours sont à neuf étages ; elles avoient été construites pour annoncer dans la Capitale ce qui se passoit jusqu’aux limites du Royaume, par le moyen des signaux ; il y en avoit de trois lieues en trois lieues ; mais aujourd’hui qu’elles tombent en ruine, elles ne servent que de corps-de-garde.
Les Mandarins font divisés en neuf classes : on punit les parens d’un criminel jusqu’au neuvième degré, & sa famille est déshonorée jusqu’à la neuvième génération.
Les cérémonies puériles qu’ils observent dans les saluts, les visites & les festins, sont autant de loix auxquelles ils ne peuvent
- ↑ (a) Ce sont des fiches de bambou sur lesquelles sont gravés les caractères indiqués par Confucius, dans son chapitre des Augures, on en tire plusieurs, & leurs caractères doivent correspondre les uns aux autres.
- ↑ (b) La fève est une espèce de forme brisée que les Chinois jettent en l’air pour voir si les deux pièces dont elle est composée tomberont sur le même côté.
- ↑ (c) Battre la tête, c’est la pencher neuf fois contre terre en se prosternant.