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ET A LA CHINE. Liv. IV.

appelle Foutache ; ils écrivent encore sur des feuilles de Ravénala[1], pour lors ils se servent du poinçon, à la manière des Indiens : les caractères tracés sur la feuille, n’y sont pas d’abord très-sensibles ; mais à mesure qu’elle séche, ils deviennent très-noirs. Ces hommes sont reconnus pour savans dans toute la côte ; on ne manque pas d’y recourir lorsqu’on a quelqu’inquiétude, des sacrifices à faire, ou des augures à tirer. Ils se sont attribués le droit exclusif de tuer les animaux : un Madégasse qui tueroit une poule dans leur pays, commettroit un grand crime ; & lorsqu’un Étranger y passe, s’il veut manger une volaille, il envoie chercher un habitant qui lui coupe le col. Ceux qui mangent du cochon perdent cette prérogative. Ils ont une telle horreur pour ces animaux, qu’ils ne permettent pas même qu’il en passe dans leur village.

On prétend que l’intérieur de l’île renferme une Nation blanche & naine qui vit sous terre à-peu-près comme les Hottentots ; on la dit fort laborieuse, ne fréquentant point ses voisins, faisant du jour la nuit, & de la nuit le jour, & sacrifiant tous ceux qui pénètrent dans les lieux qu’elle habite. Je n’oserai garantir son existence. J’ai vu cependant au fort Dauphin une fille âgée de trente ans, qu’on assuroit être de cette nation, du moins on l’avoit amenée pour telle à M. de Modave ; elle étoit assez blanche, & n’avoit pas plus de trois pieds & demi, mais c’étoit sans doute un phénomène particulier, car si ces êtres existoient, nous en aurions vu quelques-uns dans nos comptoirs.

  1. (a) Arbre du genre du Musa, dont les feuilles & les fruits ont beaucoup de rapport avec ceux du Bananier. Voyez à l’article des Plantes. Liv. V.