Aller au contenu

Page:Sonnerat - Voyage aux Indes orientales et à la Chine, tome 2.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
61
ET A LA CHINE. Liv. IV.

lange pour les boissons ou pour les bains ; mais on ne les appelle que dans les maladies graves, & après avoir épuisé les remèdes généraux & connus de tout le monde. Ces remèdes se réduisent à broyer une espéce de pois monstrueux avec un peu de chaux pour en faire un emplâtre, qu’on applique ensuite sur la partie la plus souffrante. Si la maladie devient sérieuse, ils mettent une branche d’arbre quelconque garnie de ses feuilles au-dessus de leur porte, & la ferment avec une ficelle qui forme un triangle, au moyen d’un bâton planté en terre : par ce signe, les amis sont avertis qu’ils ne peuvent point entrer comme à l’ordinaire, & que la porte n’est ouverte qu’au Médecin & aux autres personnes dont le service est utile au malade.

Le Médecin lui fait des cataplasmes & le met au régime ; quelquefois il a recours à la saignée, mais ce n’est jamais qu’à la dernière extrémité. S’il est obligé d’en venir à cette opération, il la fait à toutes les parties du corps, & particuliérement à celle qu’il croit être le siége de la douleur. Il y applique d’abord une corne de bœuf par son côté le plus large ; un petit trou qu’on a eu soin de pratiquer à l’autre extrémité, lui sert à pomper avec la bouche pour attirer le sang sur cette partie : ensuite il prend un mauvais couteau, dont la pointe est recourbée, fait plusieurs scarifications, & remet une seconde fois la corne. Si la maladie augmente, on fait des sacrifices, & l’on immole des bœufs, qui sont distribués aux voisins, après toutefois qu’on a prélevé la portion du Dieu bienfaisant, & de l’Être malfaisant : les cornes sont exposées sur une perche devant la porte de la maison. Si le malade meurt, & qu’il soit riche, on recommence les sacrifices, & l’on ne discontinue pas