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Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/117

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IOKASTÈ.

Ne t’ai-je pas dit cela depuis longtemps ?

OIDIPOUS.

Tu l’as dit sans doute, mais j’étais troublé par la crainte.

IOKASTÈ.

Ne laisse plus rien de tout ceci entrer dans ton esprit.

OIDIPOUS.

Dois-je aussi ne plus redouter le lit nuptial de ma mère ?

IOKASTÈ.

Que peut craindre l’homme, quand la destinée mène toutes les choses humaines et que toute prévision est incertaine ? Le mieux est de vivre au hasard, si on peut. Ne crains pas de t’unir à ta mère, car, dans leurs songes, beaucoup d’hommes ont rêvé qu’ils s’unissaient à leur mère ; mais celui qui sait que ces songes ne sont rien, mène une vie tranquille.

OIDIPOUS.

Tes paroles seraient sages, si ma mère ne vivait encore ; mais, puisqu’elle survit, bien que tu parles avec sagesse, rien ne peut faire que je ne craigne pas.

IOKASTÈ.

La mort de ton père est une grande consolation.