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Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/169

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OIDIPOUS.

Me regrettais-tu ?

ISMÈNÈ.

Je suis venue pour te porter moi-même des nouvelles, n’ayant avec moi que ce seul serviteur fidèle.

OIDIPOUS.

Où sont tes frères qui auraient dû prendre cette peine ?

ISMÈNÈ.

Ils sont où ils sont. Il y a de cruelles choses entre eux.

OIDIPOUS.

Oh ! qu’ils sont bien faits, d’esprit et de mœurs, pour les lois Aigyptiennes ! En effet, les hommes Aigyptiens tissent la toile, assis dans les demeures, et les femmes vont chercher au dehors la nourriture nécessaire. Il en est de même de vous et de vos frères, ô enfants ! Eux qui devraient s’inquiéter de moi restent dans la demeure, comme des vierges, et vous, tenant leur place, vous prenez part aux misères du malheureux que je suis. Celle-ci, depuis qu’elle est sortie de l’enfance et que la force de son corps s’est accrue, erre toujours avec moi, la malheureuse, et conduit ma vieillesse, parcourant les sauvages forêts, pieds nus et sans manger, souffrant les pluies et les ardeurs Hèliennes. Elle a perdu les biens certains dont elle pouvait jouir dans les demeures, afin que son père puisse se nourrir. Et toi aussi, ô enfant, tu es déjà venue, te cachant des Kadméiens, annoncer à ton