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Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/217

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ces choses trop tard, et j’atteste que je suis le pire des hommes de n’être point venu pour te procurer de la nourriture. Sache-le de moi. Mais la clémence est assise sur le trône de Zeus. Qu’elle soit assise de même auprès de toi, Père ! S’il est un remède à nos fautes, on ne peut les accroître. Pourquoi te taire ? Parle, ô Père ; ne te détourne pas de moi. Ne me répondras-tu rien ? Me renverras-tu, m’ayant méprisé, ne m’ayant point parlé, ni révélé la cause de ta colère ? Ô filles de cet homme, mes sœurs, vous au moins efforcez-vous d’ouvrir la bouche triste et implacable de notre père ; et qu’il ne me renvoie point sans m’avoir parlé et m’ayant méprisé, bien que je sois le suppliant d’un Dieu !

ANTIGONÈ.

Dis, ô malheureux, pourquoi tu es venu. Toute parole, en effet, plaît, offense, touche, ou amène une réponse de ceux qui gardaient le silence obstinément.

POLYNEIKÈS.

Je parlerai donc, car tu m’as bien conseillé. Avant tout, je prierai de me venir en aide ce même Dieu à l’autel de qui j’étais, quand le roi de cette terre m’a poussé à venir ici, me promettant de parler et d’entendre et de m’en retourner sauf. Voici, ô Étrangers, ce que je désire ardemment de vous, de mes sœurs et de mon père. Je veux donc te dire, ô Père, pour quelle cause je suis venu. Je suis chassé et exilé de la terre de la patrie parce que j’ai voulu m’asseoir, selon mon droit, sur ton thrône royal, étant l’aîné. C’est pourquoi, Étéoklès, plus jeune que moi, m’a chassé de la Ville. Et il ne l’a point emporté par la force de la raison, ni par sa