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Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/232

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LE MESSAGER.

Non loin d’ici. Le bruit de leurs lamentations annonce qu’elles approchent.

ANTIGONÈ.
Strophe I.

Hélas ! Combien il nous est permis, malheureuses, de gémir sur le sang impie que nous tenons de notre père ! C’est par lui qu’ayant déjà subi tant de maux en un autre temps, nous subissons enfin ceux-ci, plus grands que tous, que nous voyons et que nous souffrons.

LE CHŒUR.

Qu’y a-t-il ?

ANTIGONÈ.

On ne saurait imaginer cela, amis.

LE CHŒUR.

Est-il mort ?

ANTIGONÈ.

De la meilleure mort qu’on puisse désirer. En effet, ni Arès ne s’est rué sur lui, ni la mer ; mais les contrées souterraines que les yeux ne peuvent voir l’ont englouti par une destinée mystérieuse. Malheureuse ! une nuit funeste obscurcit nos yeux. Sur quelle terre éloignée, sur quelle mer agitée irons-nous, errantes, vivre d’une vie lamentable ?