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Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/253

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rement couvert d’une poussière légère afin d’échapper à toute souillure. Et il n’y avait aucune trace de bête fauve ou de chien qui fût venu et qui eût traîné le cadavre. Alors, nous commençâmes à nous injurier, chaque gardien en accusant un autre. Et la chose en serait venue aux coups, car nul n’était là pour s’y opposer, et tous semblaient coupables ; mais rien n’était prouvé contre personne et chacun se défendait du crime. Nous étions prêts à saisir de nos mains un fer rouge, à traverser les flammes, à jurer par les Dieux que nous n’avions rien fait, que nous ne savions ni qui avait médité le crime, ni qui l’avait commis. Enfin, comme en cherchant nous ne trouvions rien, un d’entre nous dit une parole qui fit que nous baissâmes tous la tête de terreur ; car nous ne pouvions ni la contredire, ni savoir si cela tournerait heureusement pour nous. Et cette parole était qu’il fallait t’annoncer la chose et ne rien te cacher. Cette résolution l’emporta, et le sort m’a condamné, moi, malheureux, à porter cette belle nouvelle ! Je suis ici contre mon gré et contre votre gré à tous. Personne n’aime à être un messager de malheur.

LE CHŒUR.

Certes, ô Roi, j’y pense depuis longtemps : ceci n’a-t-il point été fait par les Dieux ?

KRÉÔN.

Tais-toi, avant que tes paroles aient excité ma colère et de peur d’être pris pour vieux et insensé. Tu dis une chose intolérable en disant que les Daimones s’inquiètent de ce mort. Lui ont-ils donc accordé comme à un bienfaiteur l’honneur de la sépulture, à lui qui est venu