Mais je vois la malheureuse Eurydikè, l’épouse de Kréôn. Est-elle sortie de la demeure par hasard ou ayant appris le malheur de son fils ?
Ô vous tous, citoyens, j’ai entendu ce que vous disiez au moment où je sortais afin d’aller supplier la Déesse Pallas. Le verrou retiré, j’enlevais la barre de la porte, quand le bruit d’un malheur domestique a frappé mes oreilles. Épouvantée, je suis tombée à la renverse entre les bras des servantes, et le cœur m’a manqué. Redites-moi ces paroles, quelles qu’elles soient. Je les entendrai, ayant déjà subi assez de maux pour cela.
Certes, chère Maîtresse, je dirai ce dont j’ai été témoin et je ne cacherai rien de la vérité. Pourquoi, en effet, te flatterais-je par mes paroles, si je dois être convaincu d’avoir menti ? La meilleure chose est la vérité. J’ai suivi ton époux jusqu’à la hauteur où gisait encore le misérable cadavre de Polyneikès déchiré par les chiens. Là, ayant prié la Déesse des carrefours et Ploutôn de ne point s’irriter, nous l’avons lavé d’ablutions pieuses, et nous avons brûlé ses restes à l’aide d’un amas de rameaux récemment coupés ; et nous lui avons élevé un tertre funèbre avec la terre natale. Puis, de là nous sommes allés vers l’antre creux de la jeune vierge, cette chambre nuptiale d’Aidès. Un de nous entend de loin un cri perçant sortir de cette tombe privée d’honneurs funèbres, et, accourant, il l’annonce au maître Kréôn. Tandis que