Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/417

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coule de ses narines et de la plaie qu’il s’est faite lui-même. Hélas ! que ferai-je ? Lequel de tes amis t’emportera ? Où est Teukros ? Qu’il viendrait à temps s’il venait maintenant, afin d’honorer son frère tombé ! Ô malheureux Aias, quel homme tu as été, et quel homme lamentable te voilà, fait pour arracher des larmes même à tes ennemis !

LE CHŒUR.
Antistrophe.

Donc, ô malheureux, voilà la fin que, dans ton obstination, tu devais donner, par un destin terrible, à tes misères incessantes ! C’est pour cela que, nuit et jour, tu poussais les gémissements de ton cœur farouche, répandant des paroles lamentables et terribles contre les Atréides ! Certes, il fut l’origine de grands maux, le jour où les armes d’Akhilleus furent proposées pour le prix du courage !

TEKMÈSSA.

Hélas sur moi !

LE CHŒUR.

Je sais qu’une amère douleur pénètre jusqu’au foie.

TEKMÈSSA.

Hélas sur moi !

LE CHŒUR.

Il n’est pas étonnant, femme, que tu gémisses de nouveau, quand un malheur récent te prive d’un tel ami.