Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/428

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Les Satyres, la croupe en l’air, à quatre pattes, continuent leur quête dans tous les sens.

Silène. — Quelle nouvelle bizarrerie as-tu encore inventée là ? Oui, je te le demande. Se mettre ainsi tout à coup à chasser comme un chien, plié en deux, le nez à terre ! Qu’est-ce que c’est que ces manières-là ? Je n’y comprends rien. Tantôt comme un hérisson tu restes aplati dans le fourré ; tantôt, comme un singe, le derrière en l’air, tu souffles ta colère contre je ne sais qui. Que signifie tout cela ? En quelle contrée l’avez-vous appris ? En quel lieu ? Parlez, car c’est la première fois que je vous vois en cette posture.


On entend les sons étouffés d’une lyre. — Arrêt brusque des Satyres. Stupeur générale.

Le Chœur. — Hou ! hou ! hou ! hou !

Silène. — Pourquoi ces cris ? De qui as-tu peur ? Qui aperçois-tu ? Qu’as-tu vu qui t’épouvante ? Pourquoi donc cette folie insensée ? Tout près un son enroué a retenti : veux-tu savoir ce que c’était ? Pourquoi vous taisez-vous, vous qui étiez tout à l’heure si bavards ? Le Coryphée. — Chut ! Chut !


Le chœur regarde au loin, hors de lui.

Silène. — Qu’y a-t-il là-bas, que vous vouliez fuir ?

Le Coryphée. — Écoute donc.

Silène. — Et comment écouterai-je, si je n’entends la voix de personne ?

Le Coryphée. — Obéis-moi.

Silène. — Vous ne m’aiderez donc jamais dans ma poursuite.

Le Coryphée. — Écoute encore un moment la chose, par quel bruit nous avons été ici épouvantés et mis hors de nous, un bruit que n’a jamais ouï aucun mortel.

Silène. — Eh quoi ? Un bruit vous fait peur, vous terrorise, êtres impurs, pétris de cire molle, les plus lâches