Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/432

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Silène. — Je me tiendrai à tes côtés et te ferai avancer, en te donnant mes ordres à coups de sifflet comme à un chien. Allons, en avant, plus d’hésitation sur la route à suivre[1], et moi, dans l’action, je t’assisterai, te guiderai.

Le Chœur. — (Il reprend la chasse interrompue.) Hou ! hou ! hou ! Pst ! Pst ! ah ! ah !

Silène. — (À des choreutes isolés.) Que fais-tu, dis ? Pourquoi perdre ton temps à grogner, à geindre, à me regarder en dessous ? Toi, en tête, quelle est cette façon de t’y prendre ?

Un Choreute. — (Il suit ardemment une piste toute chaude.) Je te tiens ! Il est passé, passé par là : tu es mon prisonnier, rends-toi. (Il poursuit sa course, le nez à terre, disparaît.)

Silène. — (À un autre Limier.) Et toi, le second, comment t’y prends-tu ? Brave Drakis, Grapis,… Ourias, Ourias, tu fais totalement erreur, tu as perdu la trace : tu es ivre, ne sais où tourner. (Suivent deux vers mutilés, inintelligibles.) Tiens, cette nouvelle trace… Stratios, Stratios… suis par ici ; Que fais-tu ? C’est là dedans que sont les génisses, là dedans qu’il faut les chercher : ne lâche pas, Krokias, Krokias ! Quel signe favorable as-tu aperçu ? — (Paterne.) Et lui, le bon Tréchis[2], régulièrement il suit la piste. Suis-la,

  1. Le sens de ce vers 168 est discuté. Wilamowitz qui lit ἐφίστω me paraît, avec ses trois chemins tracés dans l’orchestre, compliquer singulièrement les choses. Pearson est plus clair : ἐν τριόδῳ εἶναι, dit-il avec Suidas, signifiait par métaphore qu’on ne savait quel parti prendre. Il lit donc ἀφίστω qu’il construit avec βάσιν : cf. Ajax, 42.
  2. Ces noms de chiens, qui sont loin d’être sûrs, ont été proposés par Robert. Il suppose que Silène, comme celui-ci l’a dit v. 169, reste auprès de ses fils qu’il interpelle individuellement pendant qu’ils sont en quête. Ces appels, ces conseils ont le mérite d’être conformes à l'usage. Quand il courait le lièvre, le chasseur à la suite de ses chiens leur prodiguait les cris, les encouragements. (Cf. Xénoph. Cyn. VI, 17 sqq.) Ces cris étaient très brefs, comme ils le sont encore, mais au théâtre il est bien permis de les allonger,