Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/436

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Coryphée. — Le voleur ne se montrera pas, si nous employons ces moyens-là. Aussi vais-je vite faire du bruit en frappant le sol, et mes souples gambades, mes ruades, le forceront bien à m’écouter, même s’il est complètement sourd.


Les Satyres se mettent à danser la Sikinnis : ils cognent à la porte, ils font un vacarme assourdissant. Soudain la caverne s’ouvre et, très calme, apparaît Cyllène.

Cyllène[1]. — Bêtes, pourquoi vous êtes-vous élancées sur cette verte colline, au milieu des forêts giboyeuses, en poussant toutes ces clameurs ? Qu’est-ce que vous machinez là ? Vous rendiez des soins qui faisaient plaisir à votre maître[2], pourquoi ce changement envers lui, qui portait toujours, attachée par vous à son épaule, la peau d’un faon et qui, avec un thyrse gracile dans les mains, suivait le dieu et son cortège, en chantant l’évohé avec les nymphes, ses filles, et la multitude de ses enfants ? Maintenant je ne comprends pas ce qui se passe. Où voulez-vous en venir avec ces agitations, ces folies nouvelles ? J’ai entendu un bruit étrange et en même temps un ordre sonore, analogue à celui des chasseurs, quand ils approchent de la bête couchée au gîte avec ses petits.

(Le texte des dix vers qui suivent est mutilé, incertain. La nymphe semble dire v. 227-232, qu’elle a aussi entendu des

  1. Le nom de la nymphe n’a pas été conservé en marge du papyrus, mais il y a été très sûrement rétabli d’après le v. 252 où il est dans le texte.
  2. Ce maître, comme il a été proposé plus haut, v. 57, est Apollon. Ici le dieu fait partie du thiase de Dionysos et naturellement il porte la nébride et le thyrse. Dans Eschyle, fragm. 341, Apollon n’est-il pas couronné de lierre et le poète, comme le fait Euripide, fragm. 477, ne le confond-il pas avec Bacchos ? Il reste, il est vrai, le v. 222 σὺν ἐγγόνοις νύμφαισι ϰαὶ παίδων (ποδων pap.) ὄχλῳ dont le sens n’est pas clair. Pearson propose d’étendre le sens de l’épithète νυμφηγέτης et de considérer Apollon comme le père des Nymphes. L’explication est risquée. Terzaghi rapporte cette paternité à Dionysos. En tout cas, il semble bien qu’il ne saurait être question de Silène qui partout v. 69, 163, 197 est le père des Satyres, non leur maître.