elle ne doit voir ni les rayons du soleil, ni l’enceinte sacrée d’un temple, ni la flamme brillante du foyer, avant qu’il paraisse lui-même avec éclat et la montre aux dieux dans un jour de solennel sacrifice. J’ai fait le vœu, si jamais je le voyais revenir sain et sauf à son foyer, ou si j’en apprenais la nouvelle, de parer comme il convient avec cette tunique et de montrer aux yeux des dieux sous un vêtement nouveau un nouveau[1] sacrificateur. Et comme garantie de mes paroles, tu lui porteras l’empreinte circulaire de mon sceau : il le reconnaîtra aisément. Va donc, et observe d’abord cette règle : messager, ne cherche pas à dépasser les ordres reçus ; ensuite, fais en sorte que la reconnaissance d’Héraclès, jointe à la mienne, soit ainsi grandie pour toi du simple au double.
Lichas. — Si cet art d’Hermès je le pratique, héraut moi-même, avec fidélité, tu n’auras jamais à te plaindre de moi : je ne manquerai pas de porter ce coffret tel qu’il est et d’y joindre comme garantie les paroles que tu prononces.
Déjanire. — Tu peux maintenant partir. Tu sais dans le palais quel est l’état des choses.
Lichas. — Je le sais et je dirai que tout y est intact.
Déjanire. — Tu connais, tu vois l’accueil que j’ai fait à l’étrangère, comme je l’ai reçue avec amitié.
Lichas. — Aussi mon cœur en est-il saisi de joie.
Déjanire. — Que dirais-tu bien encore ?… oui, ce serait trop tôt, je le crains, de découvrir à mon mari mon désir, avant de savoir de son côté s’il le partage.
Le Chœur. — Vous qui sur les rades marines, au milieu
- ↑ La répétition, qui est intentionnelle, ne passe que très difficilement en notre langue. Sophocle veut dire que sous ce vêtement
était-il si large ? Et si l’ardent époux de Déjanire avait tué Nessos avec son glaive, à son tour comment serait-il mort ?