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Page:Sophocle - Œdipe Roi, trad. Bécart, 1845.djvu/113

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Entraîner dans leur cours ce qu’il a de souillures,
D’abominations et d’actions impures !
Elles doivent bientôt se produire au grand jour
Les désolations de cet affreux séjour !
Mais les plus noirs forfaits qui verront la lumière
Sont ceux dont s’est souillée une main volontaire.
 

LE CHŒUR.
Hélas ! ceux qu’on connaît sont déjà bien affreux !


L’OFFICIER.
La reine est morte !


LE CHŒUR.
O ciel ! et ce sort malheureux

Comment s’accomplit-il ?

L’OFFICIER.
O terreur inouïe !

La reine de sa main a mis fin à sa vie !
Mes yeux n’ont pu le voir ; mais, malgré ma douleur,
Si je puis vous le dire, apprenez son malheur[1] :
Jocaste à ses chagrins, à ses fureurs livrée,
Dans ses appartements à peine était rentrée,
Qu’elle vole aussitôt vers son lit nuptial,
S’arrachant les cheveux ; du séjour infernal
Elle évoque Laïus. Épouse infortunée
Lui reprochant le fruit d’un ancien hyménée,
Elle inonde de pleurs ce lit, ce lit affreux,
Qui lui vit engendrer des fils incestueux.
Son désespoir enfin et son ignominie
Ont poussé cette femme à s’arracher la vie.

  1. Ce spectacle affreux vous parlerait plus éloquemment, dit Brumoy, qui, quoique prosateur, orne souvent Sophocle aux dépens de la vérité. Ici, par exemple, l’officier qui vient annoncer la mort de Jocaste, dit précisément que cette affreuse scène s’est passée dans le secret, c’est-à-dire dans la partie de l'appartement dite θάλαμος, lit nuptial, qui était comme une chambre à part, dont la reine avait eu grand soin de fermer la porte.