Page:Sophocle - Œdipe Roi, trad. Bécart, 1845.djvu/29

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C’est à vous, ô vieillard, à la voix inspirée,
De lui dire pourquoi la ville est éplorée[1] ?
Quel sujet vous rassemble ? Est-ce crainte, est-ce amour ?
Œdipe veut vous voir soulagés en ce jour ;
D’un aspect si touchant son âme est attendrie.

LE GRAND PRÊTRE.
Toi qui règnes, ô roi, sur ma chère patrie,

Vois tous ces citoyens aux pieds de cet autel,
Enfants, vieillards, guerriers et ministres du ciel,
Des sacrificateurs courbés par les années[2],
Et moi, prêtre du Dieu qui tient nos destinées.
Le reste des Thébains va, déplorant ses maux,
Prier, s’humilier, tenant de verts rameaux,

  1. Les questions d’Œdipe ne doivent pas faire supposer qu’il ignorait le sujet de la consternation publique : il s’en explique assez quelques vers plus bas ; mais le concours de tout ce peuple autour de son palais pouvait lui faire craindre qu’il ne fût encore arrivé de nouveaux désastres. On voit bien, à son langage seul, qu’il connaissait le malheureux état ou les Thébains étaient réduits.
  2. Dacier et d’autres philologues ont raison de ne pas admettre l’interprétation par laquelle ce passage : « Voici des prêtres courbés sous le poids des années » ne devrait s’entendre que du grand prêtre qui parlerait de lui seul au pluriel, et serait ainsi le seul vieillard avec les enfants. Dacier est d’accord avec l’excellent traducteur italien, O. Giustiniano :
    Alcuni poi son sacerdoti d’anni gravi.
    Quelques prêtres aussi courbés par les années.