Page:Sophocle - Œdipe Roi, trad. Bécart, 1845.djvu/82

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Qui se soumet à ces sublimes lois[1]
Auxquelles seul l’Olympe a donné la naissance !
Par elles que de fois
L’homme a senti cette noble puissance
Qui l’élevait aux cieux,
Malgré la faiblesse mortelle !
C’est d’elles que le Souverain des Dieux
Tient sa grandeur, sa jeunesse éternelle.

Toujours la tyrannie est fille de l’orgueil[2] ;
Sous ses pas chancelants ne voyant point d’écueil,

  1. Jamais ces lois éternelles n’ont été reconnues ni célébrées par une plus belle et noble poésie. Le chœur, suivant son caractère, répare l’impiété de Jocaste, sans pourtant la nommer.
  2. Le Grec dit : L’orgueil enfante le tyran. Des commentateurs et traducteurs supposent ici un hypallage au moins extraordinaire, au lieu d’adopter le sens naturel si vrai et si beau. Est-il plus naturel de dire : La tyrannie enfante l’orgueil ou : L’orgueil enfante la tyrannie ? L’orgueil qui s’est gonflé follement de mille passions bizarres et désordonnées, après s’être élevé sur des hauteurs escarpées, se jette dans une situation des plus critiques et ne voit pas l’abîme sous ses pieds.