Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/123

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CHRYSOTHÉMIS.

O malheur à moi ! Et de qui tiens-tu cette nouvelle ?

ÉLECTRE.

D’un homme qui fut témoin de son trépas.

CHRYSOTHÉMIS.

Où est cet homme ? quelle surprise est la mienne !

ÉLECTRE.

Il est dans ce palais, et Clytemnestre se plaît à l’entendre.

CHRYSOTHÉMIS.

Malheur à moi ! de qui donc étaient les nombreuses offrandes apportées au tombeau de mon père ?

ÉLECTRE.

Je crois plutôt qu’un inconnu aura déposé ces tristes souvenirs d'Oreste, après sa mort.

CHRYSOTHÉMIS.

Infortunée que je suis ! j’accourais avec joie te porter cette nouvelle, dans l’ignorance où j’étais de l’excès de notre malheur ; et maintenant, à peine arrivée, avec nos maux anciens j’en retrouve d’autres encore.

ÉLECTRE.

Il n’est que trop vrai ; mais si tu veux m’en croire, tu nous délivreras du fardeau de nos misères.

CHRYSOTHÉMIS.

Puis-je donc rappeler les morts du tombeau ?

ÉLECTRE.

Ce n’est pas là ce que j’ai dit ; je ne suis pas si insensée.

CHRYSOTHÉMIS.

Eh bien ! qu’ordonnes-tu que je sois capable d’accomplir ?

ÉLECTRE.

D’oser faire ce que je te conseillerai.

CHRYSOTHÉMIS.

Si c’est quelque chose d’utile, je ne m’y refuserai pas.