Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/126

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ta colère ; j’ensevelirai tes paroles dans le silence et l’oubli ; mais toi, apprends du moins avec le temps, puisque tu ne peux rien, à céder aux plus forts.

LE CHŒUR.

Suis ces conseils. Il n’est pas pour les hommes de bien plus précieux que la prudence et un esprit sage.

ÉLECTRE.

Ta réponse ne me surprend pas ; d’avance je m’attendais à ton refus. Mais seule, de ma propre main, il me faut accomplir cette œuvre ; car, certes, je ne la laisserai pas sans exécution.

CHRYSOTHÉMIS.

Ah ! que n’avais-tu ces sentiments lorsqu’on assassinait notre père ! tu aurais tout achevé.

ÉLECTRE.

Je les avais dans mon âme, mais ma résolution était alors trop faible.

CHRYSOTHÉMIS.

Tâche de conserver toute ta vie les mêmes dispositions.

ÉLECTRE.

C’est pour ne pas m'aider que tu me donnes ces conseils.

CHRYSOTHÉMIS.

Celui qui veut faire le mal doit subir le mal à son tour.

ÉLECTRE.

Je loue ta prudence, mais je déteste ta faiblesse.

CHRYSOTHÉMIS.

J’aurai aussi un jour à entendre tes éloges.

ÉLECTRE.

C’est ce que tu n’obtiendras jamais de moi.

CHRYSOTHÉMIS.

Il reste un temps assez long pour en décider.

ÉLECTRE.

Va-t’en ; on ne peut attendre de toi aucun secours.