Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/144

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CLYTEMNESTRE.

Mon fils ! ô mon fils ! aie pitié de ta mère !

ÉLECTRE.

Ah ! tu n’as eu pitié ni de lui, ni de son père !

LE CHŒUR.

O ville ! ô race déplorable ! aujourd’hui le destin achève ta ruine.

CLYTEMNESTRE.

O dieux ! je suis frappée !

ÉLECTRE.

Frappe, redouble les coups.

CLYTEMNESTRE.

O ciel ! encore une fois[1] !

ÉLECTRE.

Ah ! si le même coup pouvait frapper Égisthe !

LE CHŒUR.

Les imprécations s’accomplissent ; ceux que couvrait la terre renaissent à la vie ; en effet, les anciens morts répandent à leur tour le sang de leurs meurtriers. Mais les voici qui paraissent ; leurs mains dégouttent encore du sang de la victime immolée au dieu Mars. Je ne sais que dire....



ÉLECTRE.

Oreste, où en sont les choses ?

ORESTE.

Dans le palais tout va bien, si Apollon a bien rendu son oracle. La malheureuse est morte ; tu n’as plus à redouter les affronts et les outrages de ta mère.

LE CHŒUR.

Faites silence, car je vois clairement paraître Égisthe.

  1. Il est à remarquer que les deux exclamations de Clytemnestre, ῶμοι πέπληγμαι, puis ῶμοι μάλ᾽ αὖθις, sont l’une et l’autre les premiers mots dus plaintes d’Agamcmnon frappé par Clytemnestre, dans l’Agamemnon d’Eschyle, v. 1 343 et 1345. Bœckh, Grœc. trag. princip. XX, voit dans ce rapprochement l’intention du poète, de montrer la seconde catastrophe comme l’expiation nécessaire et fatale de la première.