Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/195

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JOCASTE.

Quelles sont-elles ? Et qui t’envoie vers nous ?

LE MESSAGER.

Je viens de Corinthe. Les nouvelles que j’ai à dire vont vous réjouir sans doute, en peut-il être autrement ? mais peut-être vous affliger.

JOCASTE.

Quoi donc ? comment peuvent-elles produire ce double effet ?

LE MESSAGER.

Les habitants de Corinthe vont le faire roi, comme déjà le bruit en courait.

JOCASTE.

Quoi donc ? le vieux Polybe n’est-il plus sur le trône ?

LE MESSAGER.

Hélas ! non, il est mort, il est dans le tombeau.

JOCASTE.

Que dis-tu, vieillard ? Polybe est mort ?

LE MESSAGER.

Que je meure, si je ne dis la vérité !

JOCASTE.

O femme[1], cours vite l’annoncer à ton maître. Oracles des dieux, qu’êtes-vous devenus ? Œdipe s’est exilé de Corinthe, dans la crainte de tuer son père ; et voilà maintenant que le père a succombé sous les coups du Destin, et non sous les coups de son fils.



ŒDIPE.

Jocaste, épouse chérie, pourquoi m’appelles-tu hors du palais ?

JOCASTE.

Écoute cet homme, et vois ce que deviennent les oracles si respectés du dieu.

  1. Elle s’adresse à une femme de sa suite.