Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/266

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chancelants ; et puisque tu veux triompher de ta patrie et de tes amis, dont les prières, tout roi que je suis, m’ont décidé à venir en ces lieux, jouis de ton triomphe. Le temps viendra, je n’en doute pas, où tu sentiras que tu sers mal tes intérêts ; comme autrefois tu as pu te repentir d’avoir, malgré tes amis, cédé aux conseils d’une colère qui te fut toujours funeste.

LE CHŒUR.

Reste là, étranger.

CRÉON.

Point de violence.

LE CHŒUR.

Tu ne partiras pas, si tu ne rends ces jeunes filles.

CRÉON.

Tu auras bientôt de plus terribles représailles à exercer contre Thèbes, car elles[1] ne sont pas les seules que j’enlèverai d’ici.

LE CHŒUR.

Que prétends-tu faire ?

CRÉON.

Je m’emparerai de cet homme, et je l’emmènerai.

LE CHŒUR.

Tu dis là quelque chose de violent.

CRÉON.

Et j’aurai bientôt fait, si le maître de cette contrée ne m’en empêche.

ŒDIPE.

O comble de l’impudence ! Oseras-tu donc mettre la main sur moi ?

CRÉON.

Je t’ordonne de te taire.

ŒDIPE.

Non, les déesses de ces lieux ne m’empêcheront point d’élever la voix pour te maudire, toi, scélérat , qui me

  1. « Tes filles. »