faute ; pour moi, je ne reconnais point pour amie celle qui n’aime qu’en paroles.
O ma sœur, ne me prive pas de l’honneur de mourir avec toi, et d’honorer l’ombre d’un frère.
Ne partage pas ma mort, et ne revendique point un acte dont tu n’es pas complice ; ce sera assez que je meure.
Privée de toi, comment la vie pourrait-elle me plaire ?
Demande à Créon ; tu prends tant d’intérêt à lui !
Pourquoi m’affliges-tu sans utilité pour toi ?
Ce n’est pas sans douleur que je me ris de toi.
En quoi donc, maintenant au moins, pourrais-je te servir ?
Sauve tes jours ; je te verrai sans jalousie échapper à la mort.
Ah ! malheureuse que je suis ! tu me refuses même de partager ta mort ?
Nous avons choisi, toi de vivre, moi de mourir.
Mais non sans que je t’en aie dissuadée.
Tes avis étaient bons ; mais j’ai cru le mien plus sage.
Pourtant la faute nous est commune[1].
- ↑ Le scholiaste développe ainsi la pensée : « tu as agi, et moi j’étais ta complice »