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Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/419

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NÉOPTOLÈME.

Mais il n’en est plus de même ; je veux seulement savoir de toi si tu persistes dans la résolution de rester ici, ou si tu consens à t’embarquer avec nous.

PHILOCTÈTE.

Arrête, n’en dis pas davantage ; car tout ce que tu dirais serait inutile.

NÉOPTOLÈME.

Est-ce là ta résolution ?

PHILOCTÈTE.

Plus ferme, sache-le, que je ne puis dire.

NÉOPTOLÈME.

J’aurais voulu te persuader ; mais si mes paroles sont mal venues, je me tais.

PHILOCTÈTE.

Tu fais bien, car tu parlerais en vain. Non, tu n’auras jamais mon amitié, toi qui m’as ravi mes moyens d’existence, en les prenant par la ruse, et qui viens me donner des conseils ! Fils indigne du plus généreux père ! Périssent les Atrides ! avant tous, périsse le fils de Laërte, et toi-même !

NÉOPTOLÈME.

Cesse ces imprécations, et reçois tes armes de ma main.

PHILOCTÈTE.

Que dis-tu ? serait-ce un nouveau piège que tu me tends ?

NÉOPTOLÈME.

J’atteste le nom sacré du maître des dieux[1].

PHILOCTÈTE.

douces paroles que tu as prononcées, si tu dis vrai !

NÉOPTOLÈME.

Les faits vont te le prouver. Tu peux t’en convaincre ; tends la main et reprends tes armes.

  1. Grec : « l’auguste majesté du Jupiter très-haut. »