Page:Sophocle - Tragédies, trad. Artaud, 1859.djvu/82

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nous le verrons sans peine : c’est moi qui exécuterai le reste ; sache que tu t’es montré envers nous comme un homme de bien.

ULYSSE.

Je voulais du moins accomplir ce devoir ; mais s’il ne t’est pas agréable que j’y prenne part, je me retire en t’approuvant.

(Il sort.)



TEUCER.

C’est assez ; trop de temps s’est déjà écoulé. Hâtez-vous de creuser une tombe ; vous, placez sur la flamme un trépied profond, pour le bain sacré ; qu’une troupe de guerriers aille chercher son armure dans sa tente. Toi, jeune enfant, embrasse avec tendresse les flancs de ton père, et soulève-les avec moi, autant que tes forces le permettent. Le sang noir qu’il rejette de sa bouche n’a pas encore perdu sa chaleur. Vous tous, ses amis, venez, accourez ; rendez les derniers devoirs à cet homme qui rassemblait toutes les vertus, et qu’aucun mortel, j’ose le dire, ne surpassait de son vivant[1].

LE CHŒUR.

Certes, l’expérience apprend des choses aux mortels ; mais avant d’en avoir été témoin, nul devin n’en peut prévoir l’issue[2].


FIN D’AJAX.
  1. Ce dernier vers a été supprimé, dans l’édition de Dindorf.
  2. Le scholiaste dit que le Chœur, en prononçant ces paroles, se mettait en devoir de rendre à Ajax les honneurs funèbres ; la pompe de cette cérémonie terminait le spectacle.