plir, il a ruiné toutes mes espérances, et celles que je tirais de moi-même, et celles qui reposaient sur mon frère absent[1]. O mes amies, dans de telles infortunes, il est bien difficile de conserver la modération ou le respect des dieux ; mais, dans le malheur, on est contraint de se livrer au mal.
Dis-moi, pendant que tu nous parles ainsi, Égisthe est-il dans le palais, ou est-il absent ?
Il est dehors ; ne crois pas que s’il était dans la maison j’eusse pu en sortir. Il est maintenant à la campagne.
J’aurai donc plus de confiance à te parler, puisqu’il en est ainsi.
Il est absent, fais-moi toutes les questions que tu voudras.
Pour première question, que dis-tu de ton frère ? Va-t-il venir, ou tarde-t-il encore ? je désire le savoir.
Il parle de son retour ; mais l’effet dément ses paroles.
Hésiter est naturel pour un homme qui tente une grande entreprise.
Mais moi, je n’ai point hésité quand je l’ai sauvé.
Prends courage ; il est brave, il secourra ses amis.
Je le crois, autrement je ne vivrais pas longtemps.
Ne dis plus rien ; car je vois sortir du palais ta sœur,
- ↑ Il a fallu développer ainsi le sens des mots :
τὰς οὔσας τέ μου, καὶ τὰς ἀπούσας ἐλπίδας.Ce passage a été imité par Euripide, dans son Electre, v. 564.