Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/134

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tonde ses brebis, et non pas qu’il les escorche. Ha ! Pauvres innocentes, que n’ay-je icy une chalemie pour chanter sur vostre mort, des vers elegiaques et lugubres ? Cessez de vous plaindre, dit Anselme, en le tirant à part : il ne se faut pas tant affliger pour la mort des bestes. Nous ne sommes pas disciples de Pythagore, et nous ne croyons pas comme luy que l’ame de nostre grand pere soit dans le corps d’un veau. Pourquoy est ce que les bergers eslevent des moutons si ce n’est pour les vendre ? Nous en aurons d’autres au lieu de ceux-cy, et quand nous n’en aurions point, est-ce un prodige de voir un berger sans troupeau ? C’est assez qu’il en ait eu autrefois. Un seigneur qui a eu une compagnie de soldats sous sa conduite, ne laisse pas d’estre appellé le capitaine, avec beaucoup d’honneur, encore que les troupes soient licentiees, pour ce que l’on sçait qu’