Page:Sorel - Le Berger extravagant, 1628.djvu/178

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Mais, monsieur, qu’est-ce que vous voudriez inferer par là. Pource que j’ay esté long-temps exposé aux flots d’une mer orageuse, faut-il que j’y retourne encore, et que j’y demeure jusques à ce que le naufrage s’en ensuive ? Ne me parlez plus de l’amour de ces filles qui sont si volages, qu’une seule d’entre elles ne sçauroit demeurer constante, si ce n’est au desir de changer à toute heure. Il ne se faut pas si fort engager en les aymant, que l’on ne conserve la meilleure partie de sa liberté, pour servir d’antidote au mal que leur legereté nous peut donner. Il semble à vous ouyr parler, dit Montenor, que vous soyez tout metamorphosé, et que vous ne soyez plus des sujets de la deesse de Cypre comme autref